Les fleurs épicés

mardi 19 juin 2018
par  Lavinia

PNG - 2 ko


Salyclate de Benzyle


PNG - 1.5 ko


Eugénol




Ce groupe de fleurs se démarque par une combinaison de salicylate de benzyle et d’eugénol. En lui même, le salicyclate de benzyle possède une légère odeur florale, balsamique et épicée, mais elle a l’avantage de durer longtemps. De plus, on le retrouve souvent dans les compositions cherchant à évoquer les tropiques, parce qu’il est naturellement présent dans l’huile essentielle d’ylang-ylang, les absolues de frangipanier, de tiaré et d’œillet.




JPEG - 10 ko


Ylang-ylang (message.com)




De plus, pour certains, il rappelle les crèmes solaires et, par extension, la plage. Dès 1923, les produits américains l’utilisaient comme filtre solaire et la fameuse Ambre Solaire, conçue par Eugène Schuelle, fondateur du groupe l’Oréal, s’en servit lui aussi comme protection contre les coups de soleil dans sa fameuse Ambre Solaire de 1935, soutenu par de la rose et du jasmin. Depuis lors, des produits plus performant contre les rayons ultra-violets l’ont remplacé, mais le salyclate de benzyle fut réintroduit dans Ambre Solaire, comme agent parfumant, parce que les ventes s’effondrèrent.




JPEG - 16.4 ko


Ambre solaire




L’eugénol, quant à lui, explique l’odeur épicée des œillets généralement reconstruits avec des clous de girofle. Afin de reconstruire un œillet, on se sert de cette épice dans laquelle l’eugénol est présent en grandes quantités. Afin de lui donner un côté floral, on lui ajoute souvent du salyclate de benzyle, de ylang-ylang, de la rose et de l’héliotropine ou de la racine d’iris.




JPEG - 6.8 ko


Hot pink rose (fifityflowers.com)




Pour une note épicée plus subtile, l’alcool cinnamique et la vanille permettent d’adoucir l’eugénol qui a une présence très forte. Il existe aussi une absolue d’œillet d’Égypte, plus subtile et entêtante, avec une senteur vanillée et des accents de narcisse. Récemment, Ormonde Jayne en fait l’ingrédient phare de sa collection Pink Gold, White Gold et Black Gold.




JPEG - 32.1 ko


Œillet (edenbotanicals.com)




Enfin, le lys et l’huile essentielle d’ylang-ylang contiennent aussi de l’eugénol. Bref l’huile essentielle d’ylang-ylang représente une possibilité. Mais le lys étant une fleur blanche et non seulement épicée, les essences de tubéreuse, de jasmin et de fleur d’oranger sont parfois mise à contribution. De la teinture de vanille assure sa facette crémeuse ; de l’alcool de rose, du géraniol ou de l’alcool phényléthylique sa facette rose verte.




JPEG - 7.1 ko


Lys (1001 consommable)




En général, le salyclate de benzyle fait partie des ingrédients utilisés pour créer un lys, parce qu’il ne donne ni huile essentielle ni absolue. C’est pourquoi il n’existe plus de lys naturel dans les compositions modernes. Voici la recette du lys de Jean-Claude Ellena telle qu’il la rapporte dans Journal d’un parfumeur « salicylate de benzyle, alcool phényléthylique, anthranilate de méthyle auxquels on peut ajouter selon les variétés du linalol, de l’indole ou du géraniol. »




PNG - 1.2 ko


alcool phényléthylique ou phényléthanol


PNG - 8.8 ko


anthralinate de méthyle




A noter, l’anthranilate de méthyle participe fortement au parfum de la fleur d’oranger, mais aussi à nombre de fleurs blanches, allant de la tubéreuse, du jasmin sambac, du gardénia, de la fleur de champaca, et dans une moindre mesure du jasmin grandiflorum et de l’ylang-ylang. Cette molécule leur donne un aspect sombre, animal et nocturne. C’est ainsi que la facette fleur blanche dy lys est redue aujourd’hui.




JPEG - 6.1 ko


Fleur d’oranger (lgbotanicals.com)




Pourtant, comme en témoigne un linteau de tombeau, datant du 4ème siècle av. J.-C, l’odeur du lys était capturée au moyen de la macération dans l’Égypte des pharaons. En le lisant de droite à gauche, le bas-relief montre des femmes récoltant le lys, ensuite pressant les fleurs dans un linge tordu entre deux bâtons, puis le présentant au propriétaire du tombeau : Païrkep, surnommé Psamétikmerneith. Ce parfum connût donc de beaux jours, car dans L’Histoire Naturelle, Pline l’Ancien (23-79 ap. J.-C.) dit ce parfum au lys, nommé Lirinon, très apprécié à Rome. Mais la technique de macération n’est guère plus employée en notre parfumerie moderne.





Linteau avec la recette du Lirinon




Parfums de cette rubrique :


Le lys



Commentaires

Navigation

Articles de la rubrique

  • Les fleurs épicés