Mito (EDP) de Vero Kern : Jardin mythique

lundi 1er juillet 2019
par  Lavinia

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Mito de Vero Kern



Pourquoi Vero Kern s’est-elle inspirée de la Villa d’Este, à Tivoli située dans la région du Latium, à Tivoli ? Déjà, à 30 km de Rome, on y respire un air frais, à une altitude plus élevée, dans une campagne verdoyante, connue de puis l’antiquité pour ses sources thermales et utilisée depuis la Rome antique comme résidence d’été.



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La villa d’Adrien près de Tiroli (greenparkmadama.it)



Mais les jardins de la Villa d’Este, un des premier« giardini delle meraviglie » ou jardin des merveilles datant du 16ème siècle, fut l’idée du Cardinal Ippolito II d’Este (1509–1572), dont la famille comprenait de célèbres patrons des arts.



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Photo de Fczarnowski, Fontaine et château de la Villa d’Este



Le jardin s’illustre surtout par ses innombrables fontaines, bassins, passages d’eau – cinq cent au total - et ses statues : des Dieux, des faunes, des animaux, des nymphes et sirènes.



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La statue de Sybil Albunensa sur une fontaine avec des montagnes artificielles à l’arrière-plan (fondationclaudemonet.com)



Il s’agit là d’un chef d’œuvre du jardin maniériste du 16ème siècle, mais aussi de l’architecture, en raison de l’ingéniosité des ouvrages architecturaux de son jardin, conçus de façon extrêmement innovatrice par l’architecte Pirro Ligorio, secondé par les ingénieurs hydrauliciens Thommaso Chiruchi et Curzio Maccarono, chargés de trouver comment varier sans cesse le flux aquatique, provenant de la rivière Aniene.



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Vue sur les fontaines de la Villa d’Este (pinterest)



Le fabriquant d’orgue hydrauliques français, Claude Vénard, joua aussi sa part et fit fonctionner des automates : la fontaine de la chouette et des orgues hydrauliques.



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Fontaine de la chouette (rando.eklablog.com)



Au 17ème siècle, le jardin du bas, dédié au potager, fut planté de cyprès, après la destruction des pergolas et d’un pavillon en bois. Mais il semble qu’il y ait aussi eu des avenues de cyprès.



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Jean-Honoré Fragonard, Avenue des Cyprès à la Villa d’Este (1774)

siteandinsight

Désormais connu sous le nom de Rotonda des Cypress, il prit la forme d’une allée circulaire, arborant à l’origine seiez cypress, dont l’ombre accueillait les visiteurs arrivant au jardin, en leur offrant en plus une vue panoramique des autres jardins, des fontaines et du château.



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Visiteurs sur la première terrasse de la Villa d’Este (siteandinsight.com)



C’est là où je m’imagine Vero Kern débutant la promenade que recrée Mito. L’air frais sous les cyprès se réchauffe progressivement avec le jasmin et les fleurs blanches. Les gouttelettes dégagées par toute l’eau du jardin accentue les senteurs et se transforme en un voile parfumé, qui imprègne tout jusqu’aux les statues de marbre.



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Jasmin entourant une fontaine (pinterest)



Le jardin, dit-elle, (je paraphrase librement) sent l’Italie, la méditerranée, et se fait l’écho de l’histoire moderne et ancienne. Il me remplit de calme et d’énergie à la fois. C’est pourquoi je lui dédie un parfum. Et il est vrai que tout en étant très moderne de par ses innovations techniques et esthétiques, le jardin se tourne littéralement vers un passé mythique. Désaxé par rapport aux bâtiments, il pointe, au loin, vers l’ancien temple de Sibylle de Tibur, une nymphe douée de dons prophétiques.



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Temple de Sybille de Tiburd (wikipédia)



En fait, maints artistes, dont Liszt, Fragonard, Turner et Goethe, se sont inspirés de cette impression d’éternité. En 2012, Vero Kern l’exprime par un chypré, à la fois simple et élaboré, léger et persistant, bref intemporel comme le retour du soleil et les mythes qui le racontent.



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William Turner, Villa D’Este (vers 1796)



En effet, Mito célèbre l’éternel retour du printemps, lorsque les magnolias se recouvrent d’une floraison exceptionnelle, et aussi l’été, durant lequel le magnolia grandiflorum et le jasmin fleurissent en permanence. En notes de cœur, ces deux fleurs s’allient avec le champaca, mais celui-ci sent lui aussi le magnolia, tout en ajoutant des notes orangées et miellées à sa tonalité citronnée, qui se retrouve à toutes les étapes du développement du parfum.



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Magnolia gradiflorum (#lesplusbeauxparfums)



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Champaca odorant (pacifichorticulture.com)



Comme le veut un chypré classique, Mito débute avec des notes hespéridées, je dirais énormément de citron et de la bergamote.



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Citron (ooreka.fr)



Ces notes, pourtant, pétillent jusqu’à la fin, soutenue par le cyprès et sa senteur boisée de pin, avec des accents très hespéridés et toniques quelque peu camphrés. De plus, en note de tête, le galbanum, vert et puissant, apporte fraîcheur, vivacité et énergie au parfum. Il procure un sillage multi facetté, amer, terreux et résineux, qui évoque des feuillages, mais permet aussi de reconstituer l’odeur de la jacinthe si présente dans Mito.



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Cyprès (tripadvisor.co.nz)



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Galbanum (wikipedia.com)



C’est d’ailleurs là un des points remarquables de Mito. La jacinthe figure dans bien des parfums, mais hormis Chamade de Guerlain, je ne l’ai jamais senti aussi beau et présent. Comme il s’agit généralement d’une note de synthèse, bien que l’absolue de jacinthe existe, cette note de fleur, surdosée, finit souvent par sentir trop chimique.



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Jacinthe (pxhere.com)



Or, dans Mito, elle se mêle aux fleurs blanches, au cyprès et à la mousse de chêne, à tel point qu’elle en arrive à donner son identité, verte, florale et quelque peu agressive, au parfum. Le fond de mousse de chêne terreux, comme le galbanum, ancre cette verdeur dans une note chaude et sensuelle.



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Jacinthe des bois (herbes-et-yoga.fr)



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Mousse de chêne (aliksir.com)



Mito me plaisait surtout au printemps, car même s’il est très hespéridé, il ne manque pas de sillage. J’ai remarqué, depuis quelque temps, que c’est aussi un merveilleux printemps d’été, car la richesse de ces notes se révèlent pleinement avec la chaleur et son caractère de chypré floral se développe pleinement, sans gêner, parce que les notes citronnées se prolongent dans le galbanum et le cyprès. Un parfum donc à la fois frais, vert, fleuri, marqué par la jacinthe, les fleurs blanches, des bois résineux et les relents moisis de la mousse de chêne.



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Jacinthes (jardiner-malin.fr)



Notes de tête :

Citron et Galbanum

Notes de cœur :

Jacinthe, Jasmin, Magnolia et Champaca



Notes de fond :

Cyprès et Mousse de chêne