Angel’s Dust de Francesca Bianci (#lesplusbeauxparfums)

Invisibles dans la vie ordinaire, les anges se laissent voir en rêve ou apparaissent dans des visions, sous forme humaine, transfigurés par une lumière surnaturelle.

William Turner, L’apparition d’un ange (1846)

Mon ange, dit-on, à ceux qu’on aime, puisque, comme les messagers entre les hommes et Dieu, ils nous montrent le chemin du paradis. Dans son parfum de 2016, Francesca Bianci fait du boudoir ce lieu d’éblouissement. Le paradis se trouve dans la chambre des amants où l’amour charnel unit les corps avec l’esprit.

Fragonard, Le moment désiré (vers 1770)

Toutefois, la poussière qu’y laissent les anges endormis n’est pas aussi douce que la poudre de talc ou d’une femme fraîchement maquillée. Le mimosa et l’iris poudrés sont adossés à un musc aux odeurs corporelles de la transpiration nocturne, odeurs qui habitent la chambre, aux volets encore fermés, au petit matin.

Marc Chagall, Couple dans le mimosa (1909)

C’est pourquoi Angel’s Dust se démarque comme un poudré original. Il s’appuie sur les facettes à la fois poudrées et légèrement amères des fleurs, afin de décrire le côté âcre de la sueur, sans jamais tomber dans le mauvais goût. Car la poussière que les anges laissent derrière eux, après une nuit d’amour a des relents rances, venant probablement des muscs, ainsi que des accents gourmands, mais non sucrés ou sirupeux, attribuables à des fleurs et à une vanille dorée. Très peu absorbante, la poudre se diffuse et au travers de laquelle passe la lumière.

François Morel, Poussière d’ange (photoclub-louvier.fr)

D’abord l’histoire commence avec des senteurs de fleurs an apparence innocentes : le mimosa printanier, l’iris raffiné et la rose veloutée et liquoreuse. Le poivre noir leur donne déjà une intensité qui fera long feu. Du moins les notes de rose et d’iris semblent profondes.

Rose rouge (jacksonandperkins.com)

Iris (yakamoz.club)

C’est l’amorce d’une entreprise de séduction. Avec la parole, le geste et l’attitude, on jette la poudre aux yeux et là, dans ce boudoir, dont la note de bois de santal rappelle les meubles élégants. Tout peut arriver.

Frédéric-c.Frieseke, Femme dans un boudoir, (1914)

Puis l’idée des fleurs coupées d’un bouquet frais se transforme en arômes de poudre et de rouge à lèvre qui traînent ça et là. La tension monte. Les badinages innocents laissent place à une scène de séduction.

Marc Chagall, Mimosa et iris ( (1909)

Il y a la douce caresse du baume de tolu vanillé, boisé et cinnamique et la chaleur du benjoin, lui aussi vanillé, mais avec des facettes fruitée, caramélisée et beurre de cacao. Balsamique, animalisé et poudré, il rejoint l’iris et le mimosa, afin de répandre une aura poussiéreuse.

Baume de tolu (holyart.com)

Huile essentielle de benjoin (passeportsante.fr)

La création de Francesca Bianchi fait penser que les parfums poudrés, sous un certain aspect, sont à l’inverse des parfums fumés : la poussière se compose de particules fines et légères, qui se déposent sous forme d’une pellicule poudreuse, alors que la fumée des encens monte au ciel. Cependant, toutes deux se maintiennent en suspension dans l’air, plus ou moins longtemps, et la lumière se diffuse à travers elles.

Gustave Doré, Illustration de la Divine Comédie de Dante, Le paradis

Tel la plupart des poudrés, Angel’s Dust nous parle de l’intimité des corps, ainsi que des cosmétiques, comme d’un préambule à l’érotisme. Mais ici, loin d’être réduit à un jeu de dupes, des senteurs de réelle qualité mobilisent le côté spirituel de la séduction amoureuse, du cœur à corps en quelque sorte. Angel’s Dust se porte bien sûr avec des tenues ultra séduisantes, mais non tapageuses, car c’est un parfum qui fait du boudoir un petit bout de paradis : des poussières qui dansent dans un rayon de soleil.

François Boucher, Hercule et Omphale (vers 1730)

Notes de cœur : Poivre noir, Mimosa, Iris, Rose et Musc

Notes de fond : Benjoin, Bois de santal, Baume de tolu et Vanille

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